Loi sur les Clusters au Kirghizistan : un outil puissant encore mal compris
by Samuel Maret, Sustainable Tourism Strategist – Specialist in Central Asia
Pourquoi le concept de cluster est-il si crucial pour un développement durable ?
Le principe du cluster touristique repose sur une logique collaborative : les communautés locales, les entreprises privées, les investisseurs et les pouvoirs publics unissent leurs forces pour structurer et valoriser une région. Ce modèle, adopté avec succès dans de nombreux pays, pourrait profondément transformer des régions clés du Kirghizistan, notamment Issyk-Kul ou Jeti-Oguz.
Il s'agit d’un levier de développement qui :
- Stimule l’innovation et la compétitivité en regroupant les acteurs autour d’objectifs communs.
- Crée un véritable effet d’entraînement économique : quand un secteur s’active, d’autres suivent.
- Séduit les investisseurs grâce à un environnement plus structuré, stable et rentable.
- Permet la mise en place d’infrastructures adaptées : routes, hébergements, gestion des déchets, accès à l’eau et à l’énergie.
- Favorise une répartition plus équitable des bénéfices, entre les petites entreprises locales, les collectivités et les partenaires privés.
Alors, pourquoi le projet avance-t-il si lentement ?
Malgré sa relance officielle, plusieurs freins subsistent :
- Vision à court terme : La logique du cluster s’inscrit dans un temps long. Elle demande une vision stratégique sur plusieurs années, là où certaines administrations cherchent des résultats immédiats.
- Manque de coordination entre ministères : Tourisme, économie, environnement, culture, transports… Le cluster exige une vraie collaboration intersectorielle, qui n’est pas encore fluide.
- Réticence face à la décentralisation : En donnant davantage de pouvoir aux acteurs locaux, ce modèle peut être perçu comme une remise en cause du contrôle central, freinant ainsi son adoption.
Comment accélérer la mise en œuvre ?
Pour que cette loi devienne un outil concret et efficace, plusieurs leviers d’action doivent être activés :
- Sensibiliser les décideurs : Grâce à des études de cas internationales et des exemples locaux, il faut montrer en quoi les clusters ont déjà fait leurs preuves ailleurs.
- Former les équipes ministérielles : Une meilleure compréhension des mécanismes de cluster et de leurs retombées économiques de long terme est essentielle.
- Lancer des projets pilotes : L’Association kirghize Cluster Montagne, par exemple, propose des expérimentations dans la région d’Issyk-Kul, notamment à Jeti-Oguz, pour démontrer concrètement les retombées positives.
- Impliquer les acteurs de terrain : Tour-opérateurs, hébergements, artisans, CBTs et DMOs sont les mieux placés pour porter cette vision et prouver que le cluster répond à leurs réalités quotidiennes.
Le cluster, ce n’est pas une mode économique, c’est un changement de paradigme. Il ne s’agit pas seulement de booster le tourisme, mais bien de repenser la manière dont on développe un territoire, en valorisant l’intelligence collective, les ressources locales et la durabilité. Et dans un pays aussi riche en potentiels que le Kirghizistan, il est grand temps de passer à l’action.